La respiration


   

Le souffle et l’énergie

 

La respiration est associée à la vie, tant qu’un individu respire il est vivant. La vie, même s’il est difficile d’en donner une définition médicale précise et satisfaisante au plan scientifique et philosophique ou tout simplement humain, la vie donc est une énergie, se manifeste par l’énergie. Le corps est rempli d’énergie électrique ou nerveuse – grâce à laquelle par exemple on peut réaliser un électroencéphalogramme – suffisamment pour éclairer une ampoule de quelques watts. Bien sûr le rôle premier de la respiration est d’assurer l’oxygénation du sang qui entretient le processus vital physiologique et principalement celui du cerveau et du système nerveux. Le fait même qu’elle assure ce processus l’implique dans les jeux de la vie donc de l’énergie, nous devrions dire plus justement des énergies. En effet, si l’on peut penser qu’il y a à la source de l’univers une énergie commune, celle-ci se développe, se diversifie, se dégrade pour apparaître sous diverses fréquences qui pourront assurer chacune une fonction spécifique. Ces multiples fonctions sont d’ordre physique, émotionnel, sentimental, mental, etc., ce que l’on perçoit bien en soi, dans nos ambiances intérieures dans lesquelles on goûte plusieurs variétés de l’énergie. Ces ambiances nous montrent qu’énergies et pensées (états d’âme) sont liées. C’est justement cette chaîne qui met en relation le souffle et les pensées. Ainsi on comprend que la respiration et les énergies sont imbriquées et que par là même, respirer implique l’individu au-delà de l’échange gazeux, le met en relation avec l’ensemble des énergies intérieures qui règlent et gèrent sa vie entière.

Pour essayer de comprendre comment la respiration et l’énergie sont intriquées, nous proposons une classification arbitraire mais imagée, qui a le mérite de faire saisir les différentes strates cachées du souffle. La respiration fonctionne à plusieurs niveaux qui se mettent en action chronologiquement, c’est-à-dire les uns après les autres et non ensemble. Elle passe du premier, au deuxième puis au troisième. A chaque niveau correspond une diminution du processus physiologique et une augmentation du processus énergétique. Autrement dit le premier niveau est celui dans lequel est utilisé un maximum d’air, alors que dans le dernier, l’air est devenu quasiment virtuel, l’énergie a pris le relais, et le corps peut continuer à fonctionner bien qu’il n’y ait plus – ou presque – de respiration physiologique. Au premier abord ceci paraît incroyable. Pourtant on a vu à l’état "naturel" quelques cas, presque toujours accidentels, qui ont montré que c’était possible et donc démontré que ces processus existent bien dans l’organisme humain à l’état potentiel. Même s’il faut une circonstance exceptionnelle pour les activer, ils sont là. Le tout est de savoir s’ils ont une quelconque utilité pour l’individu et si oui comment les activer volontairement.

Le premier niveau de fonctionnement respiratoire est le niveau vital, celui que tout le monde connaît, la respiration ordinaire. Ici le souffle gère principalement l’échange gazeux qui assure l’oxygénation du corps, la nourriture des cellules. La qualité de la respiration et de l’air jouent un rôle déterminant dans l’efficacité du processus respiratoire. Bien respirer sera synonyme de bonne santé, de vitalité, de jeunesse et de longévité dans le contexte héréditaire prévu dans la génétique de l’espèce humaine.

Le deuxième niveau est le niveau énergétique. Ici le processus d’oxygénation va diminuer graduellement, et conséquemment le corps va réagir et enclencher d’une façon inversement proportionnelle le processus énergétique. Ce dernier va remplacer progressivement le processus gazeux. L’individu va se retrouver dans un état très calme, dans lequel il va certes continuer à respirer mais en utilisant très peu d’air. Il sentira en lui comme un autre type de respiration prendre le relais. On peut avoir un aperçu de cela dans les moments où l’on est très concentré sur une tâche immobile et demandant beaucoup de précision. À cet instant on a le sentiment de ne presque plus respirer, en tous les cas que la respiration qui est en fonction serait notablement insuffisante dans d’autres circonstances. Et ceci peut durer des minutes. Les gens qui font de la méditation connaissent aussi des états similaires. Quand on arrive à s’immerger profondément dans une méditation, la respiration physiologique s’amenuise jusqu’à presque disparaître. Pourtant on a la sensation que quelque chose d’autre respire en soi. Ce remplacement du processus d’oxygénation par le processus énergétique est naturel bien que rarement en action. L’art de la respiration énergétique va consister à l’activer très progressivement. C’est une sorte de mutation des fonctionnements physiologiques, énergétiques et mentaux qui vont devoir apprendre à se réajuster les uns par rapport aux autres. Un entraînement méthodique, systématique et au long cours permet d’assurer cette étape transitoire durant laquelle le corps va apprendre à diminuer ses fonctionnements vitaux – respiration, rythme cardiaque, etc. – pour laisser se mettre en route les fonctionnements énergétiques. Quand ces derniers auront été activés à maintes reprises par des techniques précises, ils seront disponibles sans l’obligation d’avoir recours à ces dernières. Ils seront passés sous le contrôle de la volonté et l’individu pourra les utiliser au quotidien, à son gré, soit dans des ralentissements conséquents de son rythme respiratoire soit dans des arrêts prolongés de la respiration. La mise en œuvre au quotidien d’un tel souffle énergétique offre de multiples avantages. Au mieux la respiration sera intériorisée, au mieux l’individu aura de la distance face aux événements et aux situations quotidiennes car son souffle ne sera plus sujet aux variations anciennes qui activaient en permanence des réactions affectives et émotionnelles conflictuelles. Le corps en tirera également un avantage car l’ensemble de ses processus seront régulés en profondeur et souvent ralentis, assurant ainsi une moindre usure et par là une meilleure santé et une plus grande longévité. D’autre part la possibilité de réaliser facilement au quotidien des apnées s’avère être une aide efficace pour la maîtrise personnelle dans les circonstances imprévues ou particulièrement stressantes. Par exemple quelqu’un qui a le trac s’aidera beaucoup en retenant le plus longuement possible son souffle avant d’entrer sur scène, si le trac ne l’en empêche pas bien sûr.

Le troisième niveau de la respiration est le niveau virtuel. Ici la respiration physiologique est devenue virtuelle, seules l’énergie et la pensée assurent les processus vitaux. C’est exceptionnel et sans intérêt pour la vie normale, nous n’en dirons donc pas plus.

Pour nous résumer

La respiration et son lien avec l’énergie nous permettent de prendre du recul et d’avoir plus de stabilité grâce à une gestion plus fine de nos énergies et à une meilleure indépendance avec les énergies extérieures. Respirer dans l’énergie c’est se protéger des influences parfois voraces des événements et des autres.

En fait, l’un des points essentiels de cette science de la respiration, est d’avoir la capacité de situer à son gré sa respiration vers l’extérieur (souffle physiologique) ou vers l’intérieur (souffle énergétique). Ceci nous permet selon les besoins, les circonstances ou notre désir, de nous extérioriser ou de nous intérioriser. Nous insistons sur l’acquisition de cette faculté parce qu’elle est la clé de notre bien être, de notre santé et de notre autonomie, et pourquoi pas du passage de l’ordinaire à l’extraordinaire, une sorte d’acte magique.

De plus, et pour en sourire, c’est aussi une façon de diminuer les effets nocifs de la pollution atmosphérique qui, hélas nous le craignons, n’ira pas en diminuant dans les années à venir. Peut-être que seuls ceux qui sauront diminuer leur besoin d’air n’en souffriront pas… trop !…

 

Christian Tikhomiroff

  Haut de page


Souffle et maîtrise des pensées  

Souffle et personnalité - Les fonctionnements du souffle