Réflexions


l'image  corporelle, épicentre de nos maladies

 

Traditionnellement, la thérapeutique du yoga s’inscrit dans une perspective mentale et énergétique. La maladie ou la guérison ne viennent pas du corps mais de l’esprit ou de l’énergie. L’être humain est ce qu’il pense, il lui arrive ce que ses énergies produisent. C’est sa liberté mais aussi sa limite, car s’il ne sait avoir une tenue mentale exemplaire au sujet de son corps et de sa santé il court le risque de créer lui-même ses propres maladies.  Le pouvoir de la pensée génère le meilleur comme le pire.

Le corps met du temps à réagir, à accumuler. Parfois une maladie est l’aboutissement d’une vie malsaine, des pensées négatives, qui se sont étalées sur des décennies. Le corps a résisté longtemps jusqu’au jour où les accumulations le submergent. Au fur et à mesure de la vie , l'individu  se charge d'un dépôt considérable de sédiments, de résidus psychosomatiques.  Notre ego  s'identifie avec facilité à ce dépôt. Ce dépôt étouffe notre conscience de l'unité primordiale. Inlassablement l'organisme, à l'aide du système sensoriel et nerveux, enregistre, entasse, fixe, durcit des milliers de perceptions et de sensation viscérales. L'ego se confond avec cet amas. A partir de ce schéma édifié dans le corps l'individu se projette dans le monde, inventant le monde et le subissant....

Nous ne cessons de nous éparpiller au dehors croyant indispensables les sensations et les réassurances extérieures. Naturellement, ou poussé par la morale des religions de la culpabilité, nous construisons notre image à l'aide de sensations comme la souffrance, la douleur, le doute, la culpabilité et nous persistons toute notre existence dans cette imagerie.  Nous nous comportons dans la vie comme des chiens de chasse, tendus aux aguets, prêts à bondir, désirant bondir, pour attraper au vol la moindre sensation corporelle négative afin de l'inscrire dans le corps, nous sommes des inquiets et des hypocondriaques impénitents.  Ainsi nous identifions-nous à ces perceptions corporelles: le monde les justifie comme des réalités personnifiés, comme des personnages de la scène de notre vie sur laquelle, acteur et non spectateur, nous jouons notre comédie. Mais nous ne sommes pas attentif à notre corps, nous lui surimposons sans cesse l'image d'un moi exigeant et tellement volubile.... Nous n'aimons pas notre corps mais la représentations que nous en avons. Nous lui sommes étranger. Nous devrions cesser de le soumettre à cette représentation schématique et réductrice. La maladie peut être le résultat négatif d'une pression psychique intolérable que nous infligeons au corps.

Habitués à nous identifier  à ce schéma corporel, nous nous laissons imprégner par la douleur. Nous subissons sans distance et n'arrivons pas à  défaire les surimposions pathologiques, angoissées, les associations mentales superflues et destructrices. Nous entretenons en nous une forme de complaisance morbide.  Nous cajolons nos maux, nos douleurs, nous nous berçons dans la maladie, cherchant à nous faire plaindre.... Douleurs et maladies peuvent devenir une justification du moi, une sorte de faire valoir dérisoire!

Cette attitude active et aggrave les maladies mais plus encore les incruste profondément dans  l’imagerie de notre schéma corporel. Alors quand nous voulons guérir il est trop tard car les années ont fait leur œuvre et le corps a enregistré définitivement sa destination finale. Il a mis tant d’années à tomber malade, il en mettra autant à guérir si le temps le lui permet car parfois la guérison prend trop de temps physiquement et l’on peut voir ainsi quelqu’un guérit mentalement et énergétiquement mourir tout de même parce que le corps n’a pas eut le temps d’opérer le changement.  C’est une façon de mourir en bonne santé !...

D’instants en instants il nous appartient d’entretenir une image positive et harmonieuse de notre vie et de notre corps, sinon nous nous mettons en danger, et l’inertie de la matière n’aura pas le temps d’exploiter la vélocité de la pensée et de l’énergie. Le yoga n’est rien d’autre que cette école du détachement, de l’harmonie et de la bonne humeur. Bien compris il devient une voie de santé et de bonheur.

 

C.Tikhomiroff

 

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